Les éventails de plumes

Bien que remontant à la nuit des temps, et bien qu’ayant connu un certain succès à la Cour de France au XVIème siècle, l’éventail en plumes sous son aspect moderne n’apparaît pas avant 1855. A cette date, une lettre de Jean-Pierre Duvelleroy au jury de l’Exposition Universelle de Paris signale l’habileté en la matière de Mr. Dourlet, fabricant d’éventails et d’écrans en plumes, 325 rue St-Martin. Toutefois, cette mode ne prendra l’importance considérable qui sera la sienne que quelques années plus tard lorsque la maîtrise de l’élevage des oiseaux sera assurée et que l’on saura mettre à profit le phénomène de la mue pour récolter les plumes au lieu de s’en remettre à la pratique dispendieuse de la chasse accessible seulement aux grands personnages.

La réussite s’opère en deux temps : En 1865 par la domestication des autruches en Afrique du Sud, dans la colonie du Cap, ensuite, cinq ans plus tard, celle des autres oiseaux fournisseurs de plumes dites de fantaisie, un peu partout dans le monde, avec des essais couronnés de succès d’acclimatation d’espèces exotiques dans les pays d’Europe occidentale.

Le marché des plumes d’autruche se tenait à Londres. Il était divisé en 3 catégories principales : les plumes blanches des mâles, les plus prisées, mais aussi les plus rares, qui garnissent le bout des ailes et la queue.
Les autres plumes, noires, des mâles, conservées naturelles (elles présentent alors des reflets légèrement verdâtres) et les plumes des femelles dites « fémina » grises, mouchetées marron, mais le plus souvent reteintes dans les tons à la mode, choisies d’après une carte de nuances établie 2 fois par an par la chambre syndicale des plumassiers.

Les plumes de fantaisie étaient montées soit à plat, sur les brins constituant l’éventail, soit collées en de savants arrangements sur des plumes de basse-cour. Cette marqueterie pouvait réunir plusieurs espèces d’oiseaux. Parfois l’adjonction du dos, de la tête, des ailes et de la queue, tente une sorte de reconstitution de l’animal, mais nécessite alors de sacrifier ce dernier. C’est aussi le cas des trophées de chasse : geai, perdrix et faisan.

Coffret pour éventail mentionnant une ferme d’autruches dans le sud de la France.

Conservé au musée Galliera, Paris

Éventail pour Mme GRELOU, dans sa boîte d’origine et avec sa facture (550 F), maison Duvelleroy, 14 mai 1888.

La monture en écaille blonde, le chiffre en argent enrichi de diamants.

Éventail de plumes d’autruche teintées rose, vers 1900.

La monture en écaille blonde, le chiffre en vermeil.

Dépouille de lophophore, maison Duvelleroy, vers 1910.

Monture en matière synthétique.

Bouquet d’éventails de plumes, de 1900 à 1920.

Auteurs : Michel Maignan et Serge Davoudian